alexeiv1 Posté Mars 19, 2015 Auteur Signaler Share Posté Mars 19, 2015 Bon, je reprend le récit, on quitte Georgetown pour une tournée dans les Far Bahamas. Comme j'en parlais plutôt, dépasser la chaine d'iles des Exumas, ça devient plus compliqué: les distances entre les iles augmentent, il y a moins de village, donc moins d'opportunité de ravitaillement. L'idée de passer quelques jours sur une iles déserte est attrayante, mais dans notre cas, ça ne peut qu'être de courte durée, il faut au minimum acheter de la glace pour la glacière du bord au 4-5 jours. Je rappelle que notre Orion est très sommairement équipé: il n'y a pas de frigo. Nous surveillons les bulletins météos à court et long terme pour avoir du vent qui nous permettra de rallier Long Island (notre prochaine destination) sans solliciter Yamaha (nous devenons si confiants, qu'on prend plaisir à se donner des défis comme lever l'ancre à voile), mais pas trop de vent et plus important, pas de vent de secteur Ouest, car fini aussi les ancrages bien protégés dans plusieurs prochaines destinations. Nous quittons donc Georgetown avec de belles prévisions pour quelques jours, après on verra. Nos amis du voilier Globe Vogueur nous accompagne et l'occasion est parfaite pour régater. Nous partons franchement handicapé, Orion est un vieux voilier de croisière, lourd, pas très toilé et Globe Vogueur est plus récent, mesure 5' de plus long (la longueur dicte la vitesse maximale du voilier), un ratio poids/longueur nettement meilleur et un mat au moins 10' plus long. Peu importe, lorsqu'il n'y a qu'un voilier sur l'eau, c'est de la voile relaxe, lorsqu'il y en au 2, ça devient une course! Qu'importe l'avantage de Globe Vogueur, je suis déterminé à vendre chèrement ma peau! Ça part mal pour nous, le vent est faible et au portant (l'allure parfaite pour un voilier large comme le leur) et il prennent rapidement de la distance sur nous. Je n'abandonne pas, barre d'une main et l'écoute du génois (le cordage qui règle la voile d'avant) de l'autre afin de maximiser notre route. Tranquillement, le vent tourne au près et fraîchit assez pour permettre d'atteindre notre vitesse de coque alors que Globe-Vogueur perd un peu de vitesse. Nous les rattrapons et on parvient à les doubler. C'est particulier une course en voilier puisqu'à cause des vitesses modestes, on se dépasse pendant des minutes! On parvient même à dépasser un autre voilier de 37', nettement une classe au dessus d'Orion. Je suis tellllllllement fier de ma vieille barque!http://www.youtube.com/feature=player_embedded Arrivés à Calabash bay, à Long Islande, nous manquons encore une touche sur nos lignes de traines. Lorsque nous prenons la mer, nous avons 2 lignes à mains attachés sur des taquets près du cockpit. Au début du voyage, nous les mettions rarement à l'eau car je ne voyais pas comment nous arriverions à gérer le poisson, en même temps que le voilier, surtout lorsque les conditions deviennent musclées. Maintenant que nous devenons plus confiants, les lignes touchent l'eau plus souvent, mis les résultats se font attendre et ce ne sera qu'à notre retour à Georgetown que j'apprendrai la bonne technique. Nous profitons du soleil et explorons quelques récifs pour la pêche du lendemain. Je sens qu'il y a quelques chose de spécial à cet endroit, un décors particulier, une ambiance calme et vivifiante à l'opposé de Georgetown et de ses 300 voiliers à l'ancre, les activités... Ici je me sens bien comme rarement dans ma vie. Ouaip, si on me demandait l'endroit visité que j'ai préféré, ce serait Calabash Bay sans hésitation. Il y avait quelques chose de magique. Pourtant la baie n'est pas l'idéale pour un voilier puiqu'il y a toujours un résidus de houle qu entre et fait valser le bateau. Ce n'est pas la plus belle plage et elle n'est pas déserte (il y a un modeste resort). Au niveau de la pêche, c'est le bonheur, il y a bien moins de boaters qui arrête ici et ça parait. Même Benoit, de Globe-Vogueur, arrive à prendre son premier poisson au harpon! Il y a aussi un baie avec très peu d'eau, une eau tellement cristalline que c'est irréel. À marée basse, il ne reste qu'un pied ou deux et l'eau devient chaude, presque comme un bain, un bain de plusieurs centaines de mètres carrés! Après 2 jours, nous levons l'ancre, direction sud vers une baie dont j'ai oublié le nom et où il y a un petit resort vanté par la communauté de boaters, le Long Island Breeze. L'ancrage y est sécuritaire, il y a un bar, des grottes à visiter, des blue holes (trou très profond, comme une cenote au mexique, mais d'eau salé) à proximité, dont un directement dans la baie ou nous nous promettons de plonger et plus loin sur l'ile, le blue hole le plus profond du monde (Dean's blue hole, 200 quelques mètres). On y retrouve aussi le voilier Meander (J-F et cie) et nous allons plonger dans le blue hole tout près dès le lendemain. La plongé est décevante au blue hole, le vent a levé de la vague et l'eau est donc turbide. Par contre, bien a l'abris de la baie, il y a quelques épaves et nous y avons fait une pêche respectable et surtout très particulière, à traquer les poissons dans l'épave, où chaque mouvement de palme non-contrôlé soulève un nuage de particule de rouille.On termine notre séjour à Long Island avec un party fou sur la plage, des gens particuliers (lire méchants numéros), une ambiance électrique. Prochains billet, la suite vers Cat Island! 3 Citer Lien vers le commentaire Partager sur d’autres sites More sharing options...
alexeiv1 Posté Mars 19, 2015 Auteur Signaler Share Posté Mars 19, 2015 En passant, s'il y en a qui désire voir davantage que ce que j'écris, mon ami Benoit de Globe-Vogueur à tourné et monté un vidéo qualité professionnel (HD) sur son voyage, mais puisqu'on était ensemble la moitié du temps, j'aurais du demandé un cachet! Il y a un teaser bien enlevant qui mérite d'être vu sur son blog:http://www.globe-vogueur.ca/Main.html Citer Lien vers le commentaire Partager sur d’autres sites More sharing options...
LacAlbanel Posté Mars 19, 2015 Signaler Share Posté Mars 19, 2015 J'pense que je vais en rêver cette nuit..... Éric 1 Citer Lien vers le commentaire Partager sur d’autres sites More sharing options...
ZigZag Posté Mars 19, 2015 Signaler Share Posté Mars 19, 2015 ce post est tout simplement malade. WOW 2 Citer Lien vers le commentaire Partager sur d’autres sites More sharing options...
Rameur Posté Mars 19, 2015 Signaler Share Posté Mars 19, 2015 Ouais, je me suis payé le "teaser"J'ai voyagé pas mal! Citer Lien vers le commentaire Partager sur d’autres sites More sharing options...
alexeiv1 Posté Mars 19, 2015 Auteur Signaler Share Posté Mars 19, 2015 J'ai oublié de mentionner dans le message précédent qu'à Calabash, dans l'immense flat nous avons pu voir quelques bonefish passer furtivement. Les Bahamas sont renommé pour la pêche aux bonefish et on y trouve plusieurs petits resort spécialisés dans cette pêche. Pour nous ce n'était pas très attrayant de passer des heures sous le soleil de plomb dans un désert d'eau à comparer nos chasse à travers de magnifiques récifs. La prochaine ile visité est Cat Island. Ce n'est pas trop loin au Nord de Long Island (normalement 6-7 heures), mais le bras de mer séparant les 2 iles est reconnu pour pouvoir être assez rock and roll à traverser. En préparant le trajet sur les cartes, nous remarquons au 3/4 de la route à parcourir une structure VRAIMENT attrayante: Tartar Bank. À cet endroit le plancher de l'océan passe de 5000 pieds à 50 pieds et il parait que c'est LE SPOT pour la pêche en haute mer. Nous salivons en passant à notre thon . Au début de la traversée, la vague désordonnée nous ralentit et le vent souffle assez fort, mais en fin d'avant-midi, nous sommes assez loin de la côte pour avoir des vagues plus douces et le vent se joint à nous pour quelques heures de purs plaisirs: http://www.youtube.com/feature=player_embeddedMalheureusement, toute bonne chose a une fin et le vent devient plus fort et vire en notre défaveur alors que les vagues grossissent. Notre route est déportée et nous n'arriverons pas à passer nos lignes par dessus Tartar Bank. Nous pouvons oublier notre thon, mais gardons quand même espoir que Meander (J-F et cie) et Globe-Vogueur réussissent à en prendre, puisque eux sont moins ralentis pas la vague et semblent aptes à conserver une route plus directe. Plus le temps passe, plus le vent est en notre défaveur, il y longtemps que nous avons perdu de vue les voiles de nos amis devant. Je feel moche un peu, je sais maintenant que nous arriverons de nuit. Malgré le fort handicap d'Orion par rapport à Globe-Vogueur et encore plus par rapport à Meander (une pure merveille à voir naviguer), je ne peux m'empêcher de vouloir gagner la course à chaque jour . Finalement, Tartar Bank ne paiera pas pour les 3 voiliers: Globe Vogueur n'est pas arrivé à garder un cap lui permettant de passer non plus et Meander se sont fait coupé leur ligne: bas de ligne en acier et mono de 120lbs!!! Une minute tout semblait normal, une minute plus tard la ligne est molle, tout a été arraché. Nous avons su par la suite que cet endroit est un bon spot à requin tigre et qu'ils attaquent souvent les thons pris sur les lignes, ça pourrait être une explication... À Cat Island, nous ancrons en face de la ville de Old Bight. L'attraction du coin est la plus haute montagne, plutôt la plus haute colline, enfin la butte un peu plus haute que le reste des Bahamas qui est plat plat plat. Au sommet de la colline, on retrouve un ermitage, construit à main par un moine à la fin du 19e siècle. Nous manquons de glace et le seul «dépanneur» de l'ile est situé à 5 km de marche, faire du pouce est très populaire dans le coins, une chance, car sinon nos 25lbs de glace aurait fondu avant d'arriver à la glacière du bateau! Nous devons quitter Old Bight car un vent d'ouest est annoncé pour le lendemain et la baie n'offre aucune protection contre les vents de cette direction. Pour l'instant, à peine un pet de vent pour gonfler les voiles, ce n'est pas grave, à peines 1 1/2 miles à parcourir pour une baie mieux abritée. En plein cœur de l'après midi, nous nous obstinons à laisser dormir Yamaha, mais le vent tombe complètement. Nous jetons l'ancre et plongeons à la recherche du souper. Meander nous imite quelques centaines de mètre plus près de la côte. Nous avons jeté l'ancre là où nous étions, sans chercher de récif. Le fond est assez désert, mais quelques patates de corail ici et là nous mettent en confiance qu'on aura un souper. Après quelques minutes, je récolte un gros crabe mais rien d'autres pendant un bout, Fred est bredouille et c'est rare! Au moment où nous pensions retourner au voilier pour poursuivre notre route, j'aperçois du coin de l’œil un beau poisson entrer dans la première patate de corail que nous avions inspectée. Je fais signe à Fred de contourner la cible, le poisson est de catégorie «master» ceux qui ont plus d'expérience que nos prises habituelles, ceux qui restent normalement en périphérie et s'éloignent au premier mouvement dans leur direction, ceux qui ont le compas dans l’œil et qui nous nargue parfois en se laissant approcher, mais en restant quelques pouces trop loin pour la portée de nos harpons, ceux qui ne commettent jamais l'erreur de se retrouver coincé dans un récif, le premier «master» à faire cette erreur depuis le début du voyages. On remarque 2 accès au trou principal de cette patate de corail. Je me positionne et le poisson m'offre une cible parfaite alors qu'il est occupé par Fred à l'autre accès. Je n'arrive cependant pas à avoir une ligne de tir, il y a une autre patate de corail derrière moi et il n'y a pas assez de distance pour mon harpon de 6'. On inverse les rôles, j'agite mon harpon rapidement, je rentre mon bras dans l'entrée du trou afin de faire reculer le poisson et le rendre vulnérable pour Fred posté de l'autre côté. D'un coup, Fred laisse partir son harpon et instantanément, on dirait une turbine qui propulse du sable à l'extérieur du corail: le poisson empalé, bat de la queue avec frénésie. Je fait le tour, c'est un coup de maître, juste derrière l'opercule, mais Fred semble incapable de sortir le poisson de son trou. Je plonge ma main et en palpant, j'arrive à prendre le corps de la bête. Nous remontons le tout à la surface en poussant un cri de victoire, notre plus belle prise et quel travail d'équipe! Il s'agit d'une margate, une variété de la famille des snapper: Bon, ce n'est pas un maskinongé de 50'', c'est plutôt l'équivalent d'un achigan de 5 lbs, mais pour notre technique/équipement de pêche/chasse, c'est toute une prise. Et la journée n'est pas terminée... Nous relevons l'ancre et puisque le vent nous fait encore faux-bond, pas le choix de faire le petit demi-mile qu'il nous reste au moteur. À l'arrivée, Benoit (Globe-Vogueur a fait route directement, pour recharger ses batterie) nous dit que le récif barrière qui protège la baie est incroyable. Aussitôt Orion sécurisé, nous plongeons et en effet c'est incroyable! Le récif fait un mur de 3 mètres et il y a des tunnels qui le perce de part en part, d'autres pas complètement, ce qui forme des cavernes impressionnantes, remplies de corail et d'une multitude de poissons. Nous sommes armés, mais ne cherchons pas vraiment de cible puisque notre souper est déjà pris. Par contre, nous ne connaissons pas les résultats de chasse de Meander, et Benoit a bien d'autres compétences au dessus de ses qualités de chasseur et nous avions prévus un souper de gang... Quelques gros poissons passent à distance de tirs, mais il s'agit de Trigger Fish (poisson baliste), ce poisson a une morphologie assez spéciale lui permettant de se nourrir d'oursins, mais sa peau est une vraie carapace qui élime le couteau. Finalement, Fred et moi tomberons sur 2 cigales des mers qu'on ne pourra pas laisser là... C'est un vraie festin le soir venu: En plus de notre gros crabe, la margate et les 2 cigales, l'équipage de Meander ramène 7 langoustes! Ils sont tombés sur tout un spot. Cette soirée sera si arrosé, que je n'ai plus de souvenir de ce qui s'est passé après le repas, J-F et moi avons passé à travers 2 bouteilles de rhum. Au levé du corps, ma première phrase a été de demander à Fred comment j'avais pu conduire le zodiac et monter l'échelle. Elle ma rassuré que c'est bien elle qui avait conduit, mais se demandait encore comment j'avais réussi à grimper les 3 marche de l'échelle . Nous partons vers notre prochaine destination Little San Salvador Alias Half Moon Cay... prochain message! 5 Citer Lien vers le commentaire Partager sur d’autres sites More sharing options...
alexeiv1 Posté Mars 19, 2015 Auteur Signaler Share Posté Mars 19, 2015 J'ai oublié de mettre une photo prise là où nous avions ancré, au milieu de nulle part et pris la margate. Orion semble voler sur l'eau tellement elle est limpide: 6 Citer Lien vers le commentaire Partager sur d’autres sites More sharing options...
Rameur Posté Mars 20, 2015 Signaler Share Posté Mars 20, 2015 Encore un très palpitant récit.... NB le lien ne fonctionne pas : http://www.youtube.c...player_embedded Citer Lien vers le commentaire Partager sur d’autres sites More sharing options...
Le Blanchon Posté Mars 20, 2015 Signaler Share Posté Mars 20, 2015 Superbe encore une fois et quelle photo qu'est celle d'Orion qui flotte. Wow! Citer Lien vers le commentaire Partager sur d’autres sites More sharing options...
alexeiv1 Posté Mars 20, 2015 Auteur Signaler Share Posté Mars 20, 2015 Encore un très palpitant récit.... NB le lien ne fonctionne pas : http://www.youtube.c...player_emb Oups, le vidéo fonctionne encore sur la page du blog:http://orion-jacksparrow.blogspot.ca/2011/02/un-paradis-petit-prix.html Citer Lien vers le commentaire Partager sur d’autres sites More sharing options...
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