C’est un message populaire. alexeiv1 Posté(e) Mars 12, 2015 C’est un message populaire. Signaler Share Posté(e) Mars 12, 2015 Ça fait quelques messages dans lesquels je parle un peu de mon voyage en voilier et quelque uns m'ont suggéré d'écrire un récit. Alors voilà: J’ai toujours aimé l’eau, la pêche, les bateaux. J’ai commencé à travaillé assez jeune (12ans) et mes paies passaient au petits magasin de chasse et pêche de mon village. Vers 15 ans, j’ai mis mes économies en commun avec mon frère pour s’acheter un canot afin d’étendre notre territoire de pêche. D’autres embarcations ont suivis, mais ne comblaient pas ma soif d’être sur l’eau, de vivre sur l’eau.Pendant ma première année à l’université, je suis tombé par hasard sur un livre qui a changé ma vie : L’intracostal, le guide de Luc Bernuy(http://www.renaud-bray.com/Livres_Produit.aspx?id=1217258&def=Intracostal%2C+le+guide%28L%27%29+3e+%C3%A9d.%2CBERNUY%2C+LUC%2C9782981230201).Dans ce livre, l’auteur explique comment vivre sur un voilier et voyager jusqu’aux Bahamas à partir du Québec. Ce fût un déclic, je découvrais un nouveau monde, quelque chose d’irréel pour un petit gars d’un petit village perdu de Lanaudière. Bien que ça semble marginal, plus d’une centaine d’équipage québécois passe l’hiver au Bahamas et ce voyage est relativement simple, peu coûteux et sécuritaire. Je crois avoir lu ce livre 3 fois de suite et il m’a causé bien de l’insomnie jusqu’au jour où j’ai décidé d’arrêter de rêver et de réaliser ce nouveau rêve qui m’obnubilait : je me donnais 5 ans pour y arriver.Ça peut paraître à la fois court et très long 5 ans. Faut dire que je ne connaissais rien à la voile, je n’avais jamais même mis les pieds sur un voilier et j’étais encore sur les bancs d’école. J’ai lu beaucoup, des livres comme «la voile pour les nuls» ou des récits d’aventure comme «la v’limeuse autours du monde» et l’été suivant j’achetais mon premier voilier : un petit dériveur de 17’ de 1973 pour 3500$. J’ai pu faire des ronds dans l’eau sur le Lac des-Deux-Montagnes et sur le bassin Chambly. Ensuite, j’ai changé pour un voilier un peu plus grand afin de pouvoir entreprendre de petits voyages. J’ai pu ainsi naviguer du Lac St-Pierre au Lac Champlain. Pendant les hivers, je passais mes temps libre à lire, à suivre des formations théoriques (navigation, mécanique) et à lire et participer à des forums dédiés à la voile.Bref, 5 ans après avoir décidé de réaliser ce rêve, à la fin d’été 2010, ma blonde et moi partions vers les Bahamas. Ça ressemblait encore à un rêve fou, puisque ma blonde à ce moment n’avait passé qu’une fin de semaine à bord de mon précédant voilier (j’avais changé de blonde!) et nous partions sur un voilier qu’y n’avait pas touché l’eau depuis 12 ans (une presqu’épave payé 5000$ et restaurée pendant les 2 étés précédents).Nous n’avions qu’un budget de 9000$ pour les 10 prochains mois.On a descendu tranquillement la côte-est par le réseau de canaux et de s appelé «intracoastal waterway», de New-York jusqu’en Floride en visitant le plusieurs villes magnifiques et en vivant au gré des escales. C’est vraiment une navigation facile et même monotone, le voilier avance à 5.5 nœuds (10 km/h) et les journées sont longues afin de d’avancer toujours plus vers le Sud et fuir la froid de l’automne qui nous talonne.Tout en descendant, on s’est lié d’amitié avec d’autres équipages canadiens qui fuyaient l’hiver comme nous et les 5 à 7 trop arrosés étaient presque obligatoire à chaque nouvel escale… donc à chaque soir. 11 Citer Lien vers le commentaire Partager sur d’autres sites More sharing options...
C’est un message populaire. alexeiv1 Posté Mars 12, 2015 Auteur C’est un message populaire. Signaler Share Posté Mars 12, 2015 Bref, la Floride nous accueille au début décembre et nous surveillons les fenêtres météo pour traverser le Gulf Stream afin de rejoindre les Bahamas. C’est la navigation la plus délicate du voyage puisqu’il faut éviter le vent du nord qui souffle contre le courant. Puisque notre voilier est petit (27’) il va moins vite et nous devons descendre plus au sud afin d’avoir une trajectoire au moins perpendiculaire avec le courant, sinon la traversée risque de s’éterniser. Plusieurs choix s’offrent à nous, mais nous décidons de partir de Fort Lauderdale vers Port Lucaya sur l’ile de Grand Bahamas. Nous quittons la Floride en pleine nuit pour arriver de jour à destination puisque l’entrée de la passe n’est marquée que par des «piquets» non-illuminés.L’eau couleur «windshield washer» est impressionnante et nous voyons nos premiers poissons volants au levé du jour, alors qu’il n’y a que de l’eau à perte de vu autour de nous.Nous avons passé une semaine à Lucaya, dont Noël avec un équipage québécois. Ce fût nos premières expérience de plongé en apnée sur les récifs de coraux bordant la plage et de pêche à la traîne avec le petit zodiac.La dernière journée avant notre départ de Lucaya vers la capitale, Nassau, nous avons vu 2-3 immenses tarpons en surface, ma blonde s’apprêtait à plonger pour retourner au voilier pour chercher les clés du cadenas qu’elle avait oublié quand elle a vu ces «monstres» de poissons. En fait ils étaient magnifiques mais puisqu’ils faisaient ma taille, elle avait peur de plonger… Je n’ai même pas essayé de les prendre, ma petite canne à brocher avec de la tresse de 30lbs les aurait fait rigoler! De plus, ma canne était sur le voilier, ancré à plus de 100m et moi à pied sur le bord du canal.Nous attendions un bon vent du nord pour descendre vers la capitale et tenter de faire le trajet sans partir le moteur, mais nous voulions absolument être à Nassau pour le nouvel an, il s’y déroule un impressionnant carnaval, le Junkanoo. Lorsque le vent s’est établit dans la bonne direction, on a quitté Lucaya pour une navigation de 24h. Pendant la nuit, on a vu plusieurs bateaux de croisières passer au loin. Assez impressionnant la quantité de «bling bling» lumière à jardin, de Noël et cie qui illumine ces engins. Au matin, je vois un espèce de bouillonnement sur tribord, en chengeant de cap pour m’en approcher, je réalise un peu tard qu’il s’agit d’une chasse de bonnite et le temps de préparer la canne à pêche et de lancer, il est trop tard, la chasse s’est déplacée et à la vitesse du voilier, impossible à rattraper.À Nassau, mon harpon me titille, puisqu’il était interdit de chasser sur les récifs entourant Lucaya. J’ai hâte de prendre mon premier poisson de cette façon, mais il y a passablement de courant dans le port et pas de structures prometteuses accessibles. Par contre, en plongeant pour vérifier l’ancre, je trouve notre première conche ou lambis et en lançant du bateau avec un lipless crankbait ma blonde arrive à prendre son premier poisson, une mini-carangue qui fera de bonnes croquettes avec les petits baracudda que j’ai pris par la suite.Après le Junkanoo, on part pour l’archiper des Exumas, là où on devrait passer la plus grande partie de l’hiver. J’ai pu attraper mon premier poisson au harpon en plongeant sur une petite épave de bateau, près de l’ile de Norman’s cay. L’apprentissage est difficile, repérer le poisson, s’approcher en apnée sans trop effrayer toute la population du récif et manier avec précision le harpon représente un défi. Malheureusement, en visant une langouste, ma blonde fiche la pointe du harpon dans le corail et brise la pointe en essayant de la déloger. Elle est très déçue et ne veut plus chasser. Je répare le tout assez broche à foin avec un collet de serrage, mais il faudra faire souder la pointe lorsqu’on rencontrera une machine shop. Durant les semaines suivantes, on visite quelques iles où on observe des iguanes, des cochons sauvage, on participe à une course de Bernard l’Hermite pour les enfants, on socialise avec les autres équipages, mais nos 2 activités préférés reste la chasser sous-marine et les 5 à 7 qui s’en suivent.Trop orgueilleux pour revenir au bateau bredouille, on passe parfois plus de 4h à l’eau. Au début, on ne prend que quelques poissons de modeste taille, bref les poissons plus vulnérables, qui disposent des moins bonnes cachettes dans le récif, mais plus les jours passent, meilleurs sont nos résultats. On prend aussi quelques gros crabes, mais nous cherchons encore notre première langouste.Un soir de retrouvaille avec des amis perdus de vue depuis quelques semaines, nous sommes ancrés près de la passe entre le banc des Bahamas et la mer. Nous finissons notre souper à la belle étoile composés des prises de la journée lorsque la luminescence du plancton autour du bateau nous fait remarquer que ça bouge en grand sous nous. Ça semble être un banc de carangues, ça passe à toute allure et c’est gros. J’essaie quelques leurres, mais je ne suis vraiment pas bien équipé et encore une fois, le temps de mettre ma ligne à l’eau, tout est fini. Par contre, quelques minutes plus tard, on voit des ombres passer sous la coque, plus lentement cette fois, mais autrement plus gros. Il y a des requins sous mon bateau! Je décide d’essayer d’en piquer un, pour sentir leur puissance même si je sais que mon équipement n’est pas de taille. Je prends mon plus gros hameçon, j’y pique la carcasse d’un Lion’s fish pris au harpon durant le jour, je descends le tout sous le bateau et rapidement ça part… mon freins travaille, mais ça tire pas mal moins que ce que je m’attendais. J’arrive même à reprendre du fil et surprise je sors la bête de l’eau : c’est un remora, le poisson opportuniste qui s’accroche sous le ventre du requin afin de récupérer les restant du festin du squale. L’allure de ce poisson est un peu dégoutante à cause de l’espèce de ventouse sur le dessus de sa tête. Je remets le poisson et ma ligne à l’eau et quelques minutes plus tard, ça repart, cette fois-ci sur un moyen temps! Ça aura duré moins de une minute, la ligne devient molle, je ramène le tout pour apercevoir mon hameçon coupé.Quelques jours plus tard, nous décidons de changer d’ile. Le vent est faible et nous faisons les quelques miles au moteur. Ma blonde, Fred, a la canne en main avec au bout un beau rapala bleu électrique. En contournant une pointe de l’ile, ça part. La canne bien pliée, j’essaie de la conseiller tout en gardant la barre en main, afin d’éviter de s’échouer sur le récif pas trop loin. Un beau combat d’une 15aine de minute nous permettra de voir le plus gros barracuda (une 15aines de lbs à l’œil), mais sans gaffe et sans puise digne de ce nom, le poisson se décroche en essayant de le monter à bord. Tant mieux, puisque nous l’aurions remis à l’eau de toute façon, notre guide informe que les barracudas accumulent une toxine en se nourrissant de poissons de récif et cette toxine est dangereuse pour l’humain (ciguatera).À suivre… 23 Citer Lien vers le commentaire Partager sur d’autres sites More sharing options...
Rameur Posté Mars 12, 2015 Signaler Share Posté Mars 12, 2015 Super intéressant! Citer Lien vers le commentaire Partager sur d’autres sites More sharing options...
mini pro 165 Posté Mars 12, 2015 Signaler Share Posté Mars 12, 2015 WOW WOW WOW , un super beau rêve qui est devenu réalité..... bravo a vous autres.... Citer Lien vers le commentaire Partager sur d’autres sites More sharing options...
Stef le courtier. Posté Mars 12, 2015 Signaler Share Posté Mars 12, 2015 Un gros merci de partager... 1 Citer Lien vers le commentaire Partager sur d’autres sites More sharing options...
Le Blanchon Posté Mars 12, 2015 Signaler Share Posté Mars 12, 2015 Vivement la suite! Citer Lien vers le commentaire Partager sur d’autres sites More sharing options...
michel1122 Posté Mars 12, 2015 Signaler Share Posté Mars 12, 2015 Ca me fait chaud au coeur de lire ton récitToute une aventure Citer Lien vers le commentaire Partager sur d’autres sites More sharing options...
C’est un message populaire. alexeiv1 Posté Mars 12, 2015 Auteur C’est un message populaire. Signaler Share Posté Mars 12, 2015 Merci pour les «J'aime» et les bons commentaires.C'est difficile de faire un résumé de 10 mois de voyage, tellement d'histoire et d'anecdotes qui se sont passées durant cette première partie de voyage! Par exemple la fois où je me suis ramassé en bobette à vider l'eau du zodiac sur la rivière Hudson pendant que qu'il était à la remorque du voilier. Notre première expérience angoissant de passage en mer, pour nous navigateurs d'eau douce la mer, la houle, les marées c'est de l'inconnu. Cette traversée, justement, entre New-York et Cape May, a presque ruinée notre voyage: à l'arrivée nous avions décidé de donner le bateau au premier venu et de retourner au Québec, on en a bavé cette nuit-là en mer! Faut dire qu'on était plutôt jeune et inexpérimenté. Notre vaillant voilier peut être comparé à un vieux West Falia reconditionné au duck tape, alors que les équipages rencontrés voyagent en plutôt en motorisé 50 pieds de l'année... Donc, cette fatidique nuit au large New-Jersey alors que le vent vire dans notre face et nous force à partir le moteur, que je vois notre vitesse diminuer à presque du sur-place, que ma blonde est un peu verte, que je sais que je dois passer la nuit à tenir la barre parce qu'on est les seuls au monde à penser à voyager de si longue distances sans avoir un pilote automatique et que ma blonde n'a pas encore assez confiance en elle pour prendre la barre, alors que je réalise qu'à cette vitesse, il n'y aura pas assez de gaz dans la tank pour se rendre à Cape May, mais qu'il est hors de question de tenter de remplir le réservoir avec nos 5 gallons, il y a 8 pieds de vagues... Que lorsque ma blonde entre dans le bateau pour préparer une collation, elle se rend compte que la plancher de la salle de bain est submergé de 10 pouces d'eau, mettons qu'à ce moment je doutais de mon rêve! Finalement, changement de destination, on entre à Atlatic City pour rejoindre les canaux du New-Jersey. Il faut trouver une buanderie parce que l'entrée d'eau qui a noyé la salle de bain se trouve à être directement au dessus du côté de lit de a blonde et a aussi tout mouillé son linge. Ça aura finalement pris 3 jours de navigations dans ces canaux mal-adaptés aux voiliers, à s'échouer à plusieurs occasions sur des banc de sables qui bougent selon les marées (donc non-cartographiés) avant de trouver une marina accueillante (lire abordable) doté d'une buanderie. Du repos et du beau temps à Cape May et on repart vers d'autres aventures... 10 Citer Lien vers le commentaire Partager sur d’autres sites More sharing options...
neo Posté Mars 12, 2015 Signaler Share Posté Mars 12, 2015 Vraiment génial tout ça!! Un beau mixte de courage, d'insouciance, de volonté et de rêve!! Vraiment admirable! Vivement la suite!! 3 Citer Lien vers le commentaire Partager sur d’autres sites More sharing options...
neo Posté Mars 12, 2015 Signaler Share Posté Mars 12, 2015 En passant, c'est qui le raton-laveur qui voyage avec la jolie blonde avec un beau sourire? 3 Citer Lien vers le commentaire Partager sur d’autres sites More sharing options...
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