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Conte de Noel


Le Blanchon

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Le 2014-12-19 à 20:18, Le Blanchon a dit :

La lumière chassait lentement la nuit quand l'homme ouvrit les yeux. Il hésita un instant avant de quitter la chaleur qui régnait sous la couette.

Le poêle était mort. La température intérieure baissait rapidement à ce temps-ci de l'année.

L'homme étendis le bras pour sonder le lit à ses côtés qui s'avéra froids et vide. La douleur toujours présente dans son cœur s’amplifia. Ses yeux s'embrumèrent. C'était son premier Noël seul depuis les 52 dernières années.

Il finit par se lever et alla directement vers le poêle, non s'en se couvrir d'une couverture sur ses épaules. Ses os lui faisaient mal. L'âge le rattrapait, immanquablement. Quelques éclisses de cèdre bien sec, du papier et une allumette plus tard, le crépitement et l’odeur du feu brisèrent le silence matinal.

L'homme plaça la bouilloire sur le feu. Bientôt, son sifflet se ferait entendre et un café chaud lui ferait le plus grand bien.

Son vieux chien, tout enroulé sur le tapis devant la porte le regarda passer sans même lever la tête, convaincu qu'il éviterait sûrement de se retrouver au froid dehors s'il se faisait oublier.

L'humain sourit et se dirigea vers les deux chaises berçantes devant la grande fenêtre. Il prit celle de gauche, ignorant volontairement de regarder celle de droite, de peur de se remettre à pleureur en la découvrant vide et immobile.

Il bourra distraitement sa pipe de tabac en regardant la valse des flocons de neige dehors. Le thermomètre affichait -15. L'hiver avait bien débuté cette année. Déjà, un bon deux pieds de neige recouvrait le sol. Le lac était « pris » solidement. L'homme pensa à sa terrière à essence dans le remise en se demandant s'il serait capable de la faire démarrer encore cette année. Il imagina l'odeur de la truite qui cuit dans la poêle de fonte.

Le sifflet se fit entendre. Le café fût versé et la pipe allumée.

Le chien se leva et s'étira, signe que sa vessie n'en pouvait plus. L'homme ouvrit la porte. La bête se faufila. Ils sortirent ensembles. Le chien descendit les marches du perron. L'homme pissa au travers des barreaux de galerie.

Il se souvient comment elle n'aimait pas le voir faire ça le long du chalet et il sourit.

En revenant à l'intérieur, les bienfaits de la chaleur naissante l'accueillirent.

Le temps sentait la tempête. Peut-être qu'il devrait remettre sa pêche au lendemain, qui sait?

Une odeur de pipe et de café se propageait maintenant entre les murs. Celles du bacon et des œufs s'y ajoutèrent.

C'était toujours aussi bon mais l'appétit n'y était pas. Il lui semblait même que cette année les couleurs étaient moins vivent, que le soleil brillait moins fort, que le froid était plus froid.

L'homme était venu cette année malgré tout. Il voulait réfléchir. Il était venu chercher le calme et la paix intérieure qu'il avait perdu il y a quelques mois depuis la tempête qui avait secoué sa vie et emporté celle qu'il aimait depuis plus d'un demi-siècle. Le chalet était tout petit et pourtant, ce matin, il le trouvait trop grand. Pour la première fois de sa vie, il se sentait vieux. Il lui sembla entendre encore une fois son rire emplir la place comme tant de fois par le passé.

Il se leva et lentement se rendit à la chambre pour enfiler des vêtements. Il replaça les couvertes. C'est ici qu'avait été conçu leur fils unique.

Il y a quelques jours, quand il avait annoncé son désir de passer Noël au chalet, son fils et sa bru l'avait regardé incrédules. Il s'était attendu à des objections, à des argumentations, voir même à des reproches de la part des siens. Son fils l'avait surpris en se levant de la table et en venant vers lui pour lui serrer l'épaule fortement de la main en signe de compréhension.

« Elle nous manque aussi » s'était-il contenté de dire.

L'homme sorti ensuite cueillir dans le hangar sa ration de bois quotidien qu'il plaça dans le porte bûches près du poêle à l'intérieur. Il ressortit alors avec une hache à la main et, après avoir enfilé ses raquettes parti couper un sapin digne de cette fête de la grande nativité.

Lorsqu'il revint, l'homme secoua l'arbre fortement avant de le rentrer à l'intérieur. Il retrouva facilement la boîte contenant la crèche et les décorations. Elle était tellement ordonnée que s'en était presque tannant.

L'arbre fût alors décoré soigneusement. Malgré cela, il le trouva fade, sans éclat.

Tout en s'occupant à ces tâches, l'homme n'avait cesser de bourrer le poêle, ne trouvant pas assez de chaleur dans le feu pour chasser le froid qu'il ressentait dans son cœur.

Un peu après midi, laissant la moitié de son repas dans l'assiette, il s'habilla avec tuque, mitaines et grosses bottes chaude pour aller tester la terrière qui ronronna après 3 ou 4 coups de corde.

L'homme prépara ses brimbales et tout son matériel avant de descendre sur le lac, suivi de près par son compagnon canin excité qui ne cessait de lui marcher sur l'arrière de ses raquettes.

Il perça les trous et la pêche débuta. Le soleil disparaissait presque derrière la montagne de l'ouest quand la première truite, une toute petite, se retrouva à gigoter dans la neige. L'homme dû sermonner le chien qui tentait de se l'approprier. La bête, déçue, s'éloigna pour explorer des contrés moins hostiles.

La pêche repris et les rêvasseries aussi. Les souvenirs de rires, de glissades folles en traîneau devant le chalet, de senteur de boucane de ski-doo sur le lac et de longues randonnées en raquette dans la forêt sous les arbres chargés de neige tourbillonnaient dans sa tête.

Il manqua une touche mais ferra solidement sur la deuxième.

La bête sous la glace se débattait férocement, défendant sa vie sans ménagement d'efforts.

Le pêcheur finit par gagner le combat et un poisson de plus d'une livre au ventre teinté de rouge retrouva sa consœur dans la neige.

Et voilà! Ça lui ferait un bon souper de réveillon.

Ce soir là, l'homme vida une bouteille. Il était chambranlant lorsqu'il alla se coucher.

Sa décision était prise : demain il rentrerait chez lui et appellerait son fils pour lui dire que le chalet était à vendre, qu'il était trop âgé, trop brisé pour continuer. Il se garderait bien par contre de lui dire qu'il avait hâte que Dieu vienne le chercher lui aussi pour aller la rejoindre.

Le soleil était déjà haut quand le chien le réveilla en jappant. Il prit quelques secondes avant de comprendre ce qui se passait.

Quelqu'un venait d'arriver en motoneige. C'était probablement quelqu'un qui était perdu ou qui avait besoin d'aide.

L'homme enfila bottes et manteau pour se retrouver à la hâte dehors, en combines.

Qu'elle ne fût pas sa surprise de voir son fils et sa femme qui descendait de la machine tout courbaturés, l'air fatigués.

« Mais Baptème! Qu'est-ce vous faites icitte vous autres? »

« On est partis au milieu de la nuit, P'pa. Après la messe de minuit. On est montés d'une traite pour t'annoncer une nouvelle. »

« Tu m'inquiète mon gars là! »

Sérieux, le fils s'approcha de son père :

« L'an prochain, on veut être ici avec toi pour Noël, comme quand j'étais jeune ok?

Ne pouvant retenir leurs larmes, les deux hommes se tombèrent dans les bras, se serrant à s'en rompre les os.

Quand le flot d'émotion fût calmée, le fils regarda son père dans les yeux et ajouta :

« Surtout que l'an prochain nous serons à nouveau 4 pour le réveillon... »

Le visage tout mouillé. l'homme regarda tour à tour son fils et sa bru bouche bée par la surprise. Comprenant subitement, il ouvrit plus grand les bras pour ajouter la futur mère dans son étreinte.

Cris, pleurs et rirent se mélangèrent. L'écho fit voyager la bonne nouvelle dans les montagnes, la dispersant au gré du vent.

Le chien se joignit alors au plaisir des humains et ajouta ses jappements à cette joyeuse cacophonie.

Ce soir là, une formidable tempête de neige s’abattit sur la région et secoua le petit chalet.

Le ventre du poêle resta chaud toute la nuit, réchauffant les cœurs autant que les âmes.

Joyeux Noël!

Jeff

ayouuuuuuuuuuuuuuu cé donc ben beau ca.. je print ca et me donnes tu la permission le blanchon d'envoyer ca au autre de ma famille??

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Il y a 3 heures, stevethebass a dit :

ayouuuuuuuuuuuuuuu cé donc ben beau ca.. je print ca et me donnes tu la permission le blanchon d'envoyer ca au autre de ma famille??

Tu vas attendre longtemps pour avoir une réponse du Blanchon , cela fait des lunes qu'il ne vient plus sur le site .

Chanceux tu es , je viens tout juste de lui parler et oui , tu as sa permission 😉

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