C’est un message populaire. Le Blanchon Posté(e) Février 7, 2015 C’est un message populaire. Signaler Share Posté(e) Février 7, 2015 On remonte dans le temps... Octobre 1992 Je me les gèle malgré le soleil. Il fait à peine clair. Mon partenaire vient tout juste de me laisser là, dans ce bûcher qui repousse de ses cendres. J'ai un endroit douillet sur un monticule rocheux au centre duquel il y a un creux mousseux tapissé de feuilles mortes. C'est la première fois que je chasse l'orignal. D'où je me trouve, tout en hauteur, j'ai une bonne vu sur le flanc d'une montagne qui fût dégarnie de sa chevelure quelques années auparavant par les bûcherons. S'il sort un orignal là il est cuit! Mais l'orignal ne viendra jamais malgré les cinq journées que j'aurai investies dans le projet. Contrairement à ce qu'on pourrait penser, ce voyage n'aura pas servi à rien car dès mon arrivée matinale sur place, un son d'une grande douceur a attiré mon attention. De quelques centaines de pieds plus bas, tout au fond de la vallée, provenait le chant magique et envoûtant d'une rivière de bon débit. Il n'en fallait pas plus pour faire s'envoler mon esprit. Qui sait, peut-être ai-je d'ailleurs manqué un gros mammifère à cornes pour cause de rêvasseries... Même si je ne le savais pas encore, venait alors de naître une aventure fabuleuse qui , à ce jour, dure encore. Ça n'a pas été bien long de me rendre compte que la chasse à l'orignal avec ces attentes interminables et son manque de mouvement et d'action n'était pas pour moi. J'ai par contre eux beaucoup de temps pour m'imaginer la belle qui courait dans les jambes de la vallée. Éveillé, j'ai rêvé à ses courbes, au chant de sa voix, à son odeur de mousse et j'ai fantasmé sur les immense truites qu'elle pourraient me donner. Alors, si le récit de cette aventure vous intéresse, suivez-moi dans ce qui va suivre. « Ma belle Sauvage ...» Nous sommes en août. L'été a été chaud et sec. La rivière St-Maurice se meure de son manque de profondeur généralisé dans son lit trop chaud. Les espèces dites sportives ont déserté vers des profondeurs plus enclines à leur confort. Bref, la pêche est difficile et ça met le pêcheur de mauvais poil.Alors, surgit de nulle part dans l'esprit de l'homme le souvenir d'un chant magique et enjôleur entendu quelques années auparavant.Donc, de bon matin, l'homme charge le vtt dans la remorque et entreprends le voyage d'une heure vers le nord sur la route 155. Suivra ensuite une fouille minutieuse d'un coin de forêt de la Mauricie pour trouver le chemin menant à ce joyau directement, sans passer par le club privé dont les barrières sont verrouillées à double tour. Un avant-midi complet à sillonner les milliers de sentiers du coin fût nécessaire. La quête méthodique éprouva la patience de l'homme qui guettait le moindre indice de sa présence. Les impasses se multipliaient et les montagnes se succédaient. Quand il y arriva enfin, le soleil était bien haut. Se sentant fébrile comme quelqu'un qui se rend à un « blind date », l'homme abandonna sa monture juste à côté du monticule lui ayant servit d'affût quelques années plus tôt. Puis, il écouta, impatient d'entendre à nouveau les soupirs prometteurs de cette belle langoureuse.Rien.Deuxième essaie plus concentré cette fois.Rien.Lui vint alors à l'esprit qu'elle ait pu changer d'idée et ne pas se présenter au rendez-vous.La déception grandissait à vue d’œil dans le cœur du pêcheur qui était venu de si loin pour la rencontrer. L'idée de tant d'efforts investis pour rien vint alors se balader dans sa tête, agaçante comme une mouche noir dans le coin de l’œil quand on a les mains occupées à manier la canne et la soie.Mais qu'avait-il bien pu se passer pour qu'elle disparaisse ainsi?La curiosité l'emportant, la mouche fût chassée, voir même écrasée : Il fallait se rendre sur place pour chercher des indices et enquêter sur cette disparition si mystérieuse!L'homme jeta anxieusement son sac sur son épaule et empoigna sa canne à pêche avec une main moite.Le décors autour de lui avait changé depuis son dernier passage. La marche serait plus dure que prévue car la nature est la championne incontestée à ce jour pour se relever des agressions du temps et de l'homme. La forêt avait repris doucement sa place.L'homme du se faire violence afin de ne pas sombrer dans sa folle envie de la rencontrer et ainsi en oublier les règles élémentaires de prudence. Il sortit alors son couteau et entrepris de laisser sur les arbres des marques facilement visibles de son passage. Il lui fallait penser au retour malgré l'excitation et ainsi s'éviter de tourner en rond ou de s'égarer.Il sut qu'il approchait de son bus quand les aulnes serrés furent remplacés par de gros conifères matures épargnés par l'homme respectant la protection des cours d'eau. Il sut aussi qu'il la touchait presque du doigt lorsque qu'il croisa à nouveau cette végétation pleine de piège qui jonche habituellement la rive des rivières.Pourtant, aucun son de sa présence n'était audible.Il trouva enfin les traces de on passage. Incrédule, il contemplait son lit : un beau grand lit rocailleux et vide.Vide!Ce mot raisonnait douloureusement dans sa tête, se fracassant sur les parois de son crâne.Il se força a y regarder comme il faut.Seul subsistait d'elle un mince filet d'eau qui s'égarait au travers les cailloux, pas plus gros que le pli d'un drap.Elle n'était plus dans son lit. Elle s'était levée et avait quitté en douce, sans même laisser un mot gentil, une note voir même un petit merci griffonné à la hâte.L'homme se senti alors comme quand le réveil vient interrompre un rêve magnifique et que la réalité de la vie vous saute douloureusement dans la face à pieds joints.Le doute le fouettait de toutes les directions. C'était-il fait berner par son imagination lors de ce matin froid d'automne?Comment avait-il put croire qu'elle l'attendrait, lui qui avait été trop timide pour se présenter la première fois qu'il avait ouï de son existence?C'est son estomac, cet incontournable organe, qui le ramena sur terre. Il posa les fesses sur une roche ensoleillée et cassa la croûte distraitement, occupé à réfléchir au comment du pourquoi et à chasser les insectes autour de lui.C'est en levant les yeux vers le bas, le bas de la rivière on s'entend, qu'il aperçut un mince espoir de vie : au détour, il y avait une mare dans laquelle allait tourbillonner les restes anémiques de sa promises.Il est connu depuis la nuit des temps que l'espoir dans le cœur du pêcheur est sans limite et que, même s'il lui arrive de vaciller à l'occasion, il ne s'éteint jamais.Ses jambes prirent alors ce chemin parcouru mille fois au moins vers le bonheur, emportant le reste de son corps qui suivit par défaut.La mare se changea alors en étang noir. D'une humeur sombre, elle semblait le bouder.L'homme comprit alors et son cœur s'accéléra. Elle était là, toute proche, juste à côté. Comment avaitil pu douter d'elle comme ça alors qu'elle avait juste changé de chambre? Il eut un peu honte de lui d'avoir si facilement faillit abandonner.Il n'avait suffit que d'une sécheresse pour la museler, la rendre muette.Comme elle était belle toute endormie! Il en fût émue.Pour s'excuser auprès d'elle, il la toucha délicatement de ce prolongement de son bras tout en soie.À ce doux contact sur sa peau tiède, elle sursauta légèrement. Pendant un instant, il crut l'avoir réveillée mais le doute se dissipa à la vue de cette caresse d'artificielle parcourant langoureusement son épiderme.Au fils des ans, leur relation prit de la grandeur. Chaque rencontre serait aussi intense que la première mais avec une teinte de cette sécurité que l'on ressent en terrain connu. Parfois, il la retrouverait endormie à nouveau et, à d'autres moments, il profiterait de ses rondeurs de femme mure et de son humeur bouillonnante... Chaque fois, il la traiterait avec douceur et respect et à chaque fois elle se livrerait à lui avec juste assez de retenue et de résistance pour préserver sa réputation de grande dame. Cette rivière existe vraiment.. Il y a plus de 20 ans que nous nous côtoyons de façon plus ou moins régulière vu notre éloignement et à chaque fois que je vais la retrouver dans son lit, elle m'accueille toujours aussi généreusement en me donnant les plus belles truites qu'il m'ait été donné de trouver dans la région. Il m'est arrivé d'y faire mon quota de 15 en 2 heures. Son eau y est claire ce qui est rare dans la région. Parfois quand le soleil s'y met, je choisi celles qui vont se laisser prendre en retirant le leurre devant celles qui ont encore besoin de temps libres pour grandir... Le meilleur est en août alors qu'elle s'assèche en un mince filet joignant de multiples étangs plus ou moins grands dans lesquels s'entassent toutes les générations de truites sauvages affamées qui compétitionnent entre elles pour s’approprier le moindre morceau de nourriture. Il n'y a pas de sentier ni de trace sur ses rives. Je n'y ai jamais croisé personne. Elle est sauvage à souhait! Quand j'y mets les pieds, il serait facile de s'y croire sur une autre planète, une planète vierge, pas encore « colon »isée ni « incivilisée ». 9 1 Citer Lien vers le commentaire Partager sur d’autres sites More sharing options...
Mhoneybadger Posté Février 7, 2015 Signaler Share Posté Février 7, 2015 tres tres bon recittu ecrit vraiment bien ca ma fait revenir dans le passer 1 Citer Lien vers le commentaire Partager sur d’autres sites More sharing options...
Turko Posté Février 7, 2015 Signaler Share Posté Février 7, 2015 Protecteur, ne sous-estime pas tes talents de conteur. C'est vrai que tu ne fais pas dans la l'élégance et la finesse mais ton style est tout en efficacité! On pourrait dire que tu es le Chuck Norris des récits de pêche!! Allez Bradock, laisse-nous pas tomber.. 3 Citer Lien vers le commentaire Partager sur d’autres sites More sharing options...
buddy Posté Février 11, 2015 Signaler Share Posté Février 11, 2015 Wow! C'est magique. On se sent vraiment emporté quand on te lis! 1 Citer Lien vers le commentaire Partager sur d’autres sites More sharing options...
stevethebass Posté Novembre 17, 2023 Signaler Share Posté Novembre 17, 2023 Le 2015-02-10 à 20:02, buddy a dit : Wow! C'est magique. On se sent vraiment emporté quand on te lis! en effet, je suis tombé sur ce sujet en fouillant et ses tres en symbioze 2 Citer Lien vers le commentaire Partager sur d’autres sites More sharing options...
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