Portrait d’un roi en sursis.

[Carpediem]

Bonjour !

 8-05-2021

 

Dans le film  "Partie de pêche au Yémen", un cheikh richissime fait le pari insensé de créer une rivière à saumon en plein désert. Le cheikh est un idéaliste, un amoureux de l’Écosse verdoyante. Il veut réaliser l’impossible. Quitte à défier le climat, la science et même les complots terroristes. 

 

- Mais qui parle de cinéma ? 

À la fin des années 70, lorsqu’une poignée d’idéalistes entreprennent de restaurer le saumon atlantique dans la rivière Jacques-Cartier, située à l’ouest de la ville de Québec, l’idée semble insensée. 

 

- Le saumon est disparu depuis... 1913. 

Il devra défier trois barrages et franchir une gorge rendue infranchissable par une série de dynamitages.

Contre toute attente, le pari fou va réussir. En 1983, les saumons sont de retour! Au début des années 90, la pêche recommence. Dès 1991, on dénombre 1190 saumons. Des optimistes rêvent d’en voir 7000. 

Comme à la grande époque. On remonte les poissons en camion jusqu’aux frayères situées dans le parc de la Jacques-Cartier. Une balade de 150 kilomètres !

Hélas, la cruelle réalité finit par rattraper le projet. La gestion des barrages entre parfois en conflit avec le saumon. Le réaménagement de frayères se révèle quasiment impossible dans le bas de la rivière. Les ensemencements sont parfois irréguliers. Les étés chauds ont un impact sur la température de l’eau. Le nombre de saumons décline.

En 2002, la Jacques-Cartier n’accueille plus que 190 géniteurs. En 2004, la pêche est interdite. Soudain, les difficultés de la rivière résument toute la fragilité du saumon atlantique. Comme un baromètre.

- «Long à reconstruire»

Aujourd’hui encore, la restauration de la Jacques-Cartier suscite des réactions contrastées. Côté pile, elle constitue un succès indéniable.

 L’exemple rarissime d’une rivière dans laquelle le saumon est revenu. Un véritable laboratoire pour la recherche scientifique. Sans oublier les milliers d’enfants qui sont venus s’y familiariser avec ce grand visiteur de l’Atlantique.

Côté face, la restauration n’a pas rempli toutes ses promesses. Pour l’instant, rien ne permet d’envisager la réouverture de la pêche. Depuis 10 ans, le nombre moyen de saumons qui remontent la rivière atteint 423. En 2018, il est descendu à 278. 

«Avec le temps, la façon de voir les choses s’est modifiée, analyse Claude Sauvé, administrateur de la Corporation du bassin de la Jacques-Cartier. La mission a changé. Au début, l’objectif principal était de réintroduire la pêche. 
 

- Aujourd’hui, on se trouve plus dans la conservation.»

«Avec le temps, le saumon atlantique est devenu un ambassadeur de la qualité de l’eau, convient M. Sauvé, qui est associé au projet depuis les années 80. Même le paysage a changé. Dans le bas de la rivière, la pression du développement est devenue énorme. Un phénomène qui n’existait pas, il y a 40 ans.»

«Une rivière à saumon, ce n’est pas long à détruire, conclut-il. C’est beaucoup plus long à reconstruire.» 

- JEAN-SIMON GAGNÉ. Le Soleil

 

https://www.lesoleil.com/2021/05/08/linquietant-declin-du-saumon-de-latlantique-08efb31d79d676d80db088b4f9dd34ab

 

[LacAlbanel]

Et finalement... L'arabe???

A-t-il ajouté des refroidisseurs d'eau tout le long de sa rivière?

J'imagine qu'il l'a appelée la rivière ''Lubie''!!!

Éric  ='-'=

 

Modifié Mars 4, 2022 par LacAlbanel

[Carpediem]

Bonjour !  Éric.

J’ai eu l’occasion de lire la version roman, dont ce film à été inspiré. J’ai mieux aimé la version du livre, que celui présenté au cinéma.

Pour poursuivre avec l’historique du roman Partie de pêche au Yémen :

- A-t-il ajouté des refroidisseurs d'eau tout le long de sa rivière ?

Oui et non. Le cheik Muhammad Ibn Zaidi Bani Tihama a fait construire des refroidisseurs et surtout des réservoirs à la source du wadi (oued, ouadi) Aleyn, qui est située dans les montagnes Sarawat au sud- Ouest du Yémen. Ce sont des montagnes qui atteignent plus de 3600 mètres d’altitude.

Un wadi est l’équivalent du mot rivière pour les régions de l’Afrique du Nord et du Moyen-Orient, dans les régions semi-désertiques dont le régime hydrologique est très irrégulier.

 

- J'imagine qu'il l'a appelée la rivière ''Lubie'' !

Non, il a garder le nom original, Aleyn.

 

Ce qui est intéressant dans ce roman c’est la raison qui pousse un richissime cheik yéménite à investir dans un mégalo-projet dans un pays dépourvu de la présence de saumons.

Voici un extrait du roman où le cheik explique pourquoi il veut créé ce projet :

-  J’en suis à penser que la création d’une rivière à saumon au Yémen serait à tous points de vue une bénédiction pour mon pays et pour mes compatriotes. Ce serait un miracle de dieu si cela marchait, je le sais, car ni mon argent ni votre science, ne parviendraient seuls à accomplir pareil exploit. Tel Moïse qui trouva de l’eau dans le désert, nous pourrons, si Dieu le veut, permettre à des saumons de nager dans les eaux du wadi Aleyn. Si Dieu le veut, les pluies d’été enfleront les wadis, nous pomperons l’eau de l’aquifère et des saumons nagerons dans la rivière. Alors mes compatriotes de toutes classes et de toutes sortes s’installeront côte à côte sur les berges pour pêcher le saumon. Et leurs nature en seront changées. Ils tomberont sous le charme du poisson d’argent, ils éprouveront ce bouleversant amour que je connais pour ce poisson et la rivière dans laquelle il vit. 

- Et le jour où ils devront discuter des actes de telle où telle tribu, ou de l’attitude à adopter vis-à-vis des Israéliens ou Américains, et que le ton montera, … une voix s’élèvera pour préposer : « Et si nous levions la séance pour aller à la pêche ! »

- texte de l’auteur.

 

Pour finir, j’aime bien la maxime de l’auteur Paul Torday, « Credo, quia impossibile est ». J’y crois parce que c’est impossible.

Je crois que ça résume bien ce roman.