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des fosses septiques problématiques


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Nos lacs sous pression: des fosses septiques problématiques

Normand Provencher Le Soleil

Le Québec compte quelque 500 000 lacs qui couvrent 12 pour cent de sa superficie. La plupart se trouvent dans des régions difficiles d’accès et demeurent protégés des activités humaines. À l’inverse, les fragiles écosystèmes de ceux situés près des zones urbaines sont soumis à des pressions de plus en plus fortes, surtout avec l’engouement pour le retour à la nature provoqué par la pandémie. Dans une série de trois reportages, Le Soleil s’attarde à ces dangers et nuisances. Aujourd’hui, dernier volet de notre reportage : les fosses septiques non conformes.

Les chalets en bordure d’un lac ont la cote depuis le début de la pandémie. Or, les résidences de villégiature ne sont pas toutes dotées d’installations sanitaires adéquates. Le ruissellement de produits douteux contribue alors à la dégradation du plan d’eau.

Selon une compilation effectuée en 2010 par 48 municipalités régionales de comté, en partenariat avec le ministère des Affaires municipales et de l’Habitation, huit pour cent des installations septiques à proximité de 220 plans d’eau du Québec sont considérées comme «une source de contamination directe», c’est-à-dire qu’elles entraînent un rejet des eaux usées non traitées dans un cours d’eau, un fossé, un lac ou à la surface du sol.

Tout aussi inquiétant est le chiffre de 40 pour cent d’installations septiques considérées comme «une source de contamination indirecte» parce que situées «trop près d’un lac ou d’un cours d’eau, ou construit dans des sols qui n’ont pas les caractéristiques requises pour procurer un traitement suffisant aux eaux usées».

Le juriste et biologiste Jean-François Girard donne régulièrement des formations aux élus des municipalités québécoises. À son avis, le remède aux maux qui affligent les lacs est surtout une question d’aménagement du territoire et de volonté politique.

«Je leur dis, vous avez tous les pouvoirs pour agir en matière de gestion des lacs et des cours d’eau, sauf en ce qui concerne les bateaux. Une municipalité peut exiger la mise en conformité d’une installation septique. Alors, arrêtez de dire que vous attendez après Pierre, Jean, Jacques, ou une intervention divine», lance-t-il en entrevue au Soleil.

Facture salée

Le maire de Lac-Sergent, Yves Bédard, en compagnie de la biologiste Héloïse Drouin, de l’organisme CAPSA, voué à la protection des bassins versants de la région.

 

À Lac-Sergent, le maire Yves Bédard n’a pas attendu un signe du ciel. Lors d’un relevé sanitaire effectué en 2011, près de 330 installations sur les 400 que comptait la municipalité avaient été jugées non conformes. Un programme d’aide a été mis en place, en complémentarité aux crédits d’impôt remboursables offerts par le gouvernement provincial. Avec, comme résultat que dix ans plus tard quelque 270 propriétaires de résidences ont mis à niveau leurs fosses septiques. «Les autres devraient l’être avant la fin de l’année», mentionne M. Bédard.

La mise aux normes d’une fosse septique n’est pas à la portée de toutes les bourses. La facture peut aller de 7000 $ à 25 000 $, selon une foule de facteurs, dont la nature du sol, l’accessibilité du lieu ou la taille de la fosse septique.

«Quatre-vingts pour cent des chalets de premier rang, construits entre 1950 et 1980, ont des installations septiques qui ne sont plus à jour, mentionne la scientifique Sonja Behmel. Après 20-25 ans, c’est certain que les fosses septiques, même si elles sont entretenues dans les règles de l’art, c’est terminé pour le champ d’épuration. Aucun suivi n’est fait sur ces installations. Il n’y a aucune obligation pour les riverains de les mettre à jour. On a permis le développement de petits terrains où il n’y a pas de place pour un champ d’épuration, alors souvent on laisse faire.»

Habitudes de citadins

Avec la «ruée incroyable» vers les chalets pendant la pandémie, plusieurs nouveaux propriétaires ont transposé à la campagne leurs habitudes de citadins. En ville, les égouts municipaux font le travail d’évacuation des eaux usées, mais une fosse septique non conforme peut s’avérer très nocive pour l’environnement.

«Si vous invitez dix personnes à votre chalet une fin de semaine, et que tout le monde flushe la toilette et prend une douche aux cinq minutes, en plus du lavage, ce n’est pas une bonne utilisation de ces installations, explique Mme Behmel.

«Il faut s’abstenir de jeter dans les toilettes et lavabos des produits chimiques, des résidus, des mégots de cigarettes, des condoms ou tampons, poursuit-elle. D’abord parce que ça peut boucher les tuyaux, mais ultimement parce que ça détruit la microbiologie de la fosse qui ne peut plus alors faire son travail de dégradation.»

Agrandissements et rénovations

Il y a les nouveaux propriétaires de chalets, mais aussi les plus anciens. Forts d’une épargne forcée, plusieurs d’entre eux ont profité de la pandémie pour rénover ou encore agrandir, mettant par le fait même davantage de pression sur les plans d’eau.

À Lac-Sergent, le maire Yves Bédard constate le choix des propriétaires riverains d’investir dans leurs résidences secondaires, particulièrement en temps de crise sanitaire. Bon an mal an, la municipalité distribuait pour environ 3 millions $ de permis de construction et de rénovations. Ce chiffre a quasiment doublé cette année.

«Ce qu’on voit, ce sont des gens qui avaient de vieux chalets, qui les jettent à terre, reconstruisent ou agrandissent, explique-t-il. Habituellement, l’hiver c’est tranquille sur le lac où on peut faire du ski de fond et de la raquette. Cet hiver, il pouvait y avoir jusqu’à 250 personnes, c’est un autre monde.»

La location de chalets en airbnb est un autre phénomène découlant de la pandémie et qui commence à agacer autour du lac Sergent. Trente pour cent des résidences ont changé de mains en deux ans, relève le maire Bédard.

«Habituellement, on avait une ou deux locations à court terme par année. On est rendus cette année à 15 ou 20. Il faut maintenant gérer les partys. Les résidents permanents qui veulent être tranquilles ont des nouveaux voisins toutes les fins de semaine. Certains sont très respectueux et veulent avoir la paix, mais il y en a d’autres qui veulent avoir du plaisir.»

Un privilège, non un droit

Face à cette affluence, il faut en arriver, estime Me Jean-François Girard, à «gérer adéquatement la pression entropique» sur les lacs. «Le véritable enjeu, c’est une question d’occupation du territoire.» Meilleur contrôle des substances venues du bassin versant (engrais agricoles, pesticides, sels de déglaçage, eaux usées…), protection de la bande riveraine, gestion de la vitesse des embarcations, la liste des mesures à adopter pour donner un coup de pouce aux lacs est longue.

À cet égard, une récente étude parue dans la revue Nature a indiqué une baisse de 5,5 pour cent d’oxygène dans les eaux de surface et de 18,6 pour cent depuis 40 ans dans une centaine de lacs, en Europe et aux États-Unis. Les soupçons se portent vers le réchauffement de la planète et la diminution de la clarté de l’eau à cause des activités humaines.

«Rester sur le bord d’un lac n’est pas un droit, mais un privilège et il incombe à tout le monde de le protéger. C’est un bien public, conclut Sonja Behmel, qui refuse de faire preuve de défaitisme.

«Nos lacs ont déjà été dans un pire état qu’aujourd’hui. Il ne faut pas dire aux gens qu’il est trop tard. Il n’est jamais trop tard pour sauver un lac. On en a vu récupérer et parfois de façon assez spectaculaire.»

 

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Le 2021-06-28 à 10:29, Maitre St-Pierre a dit :

Un peux d'encouragement pour toi et

ton effort a transmettre ces informations.

 

Le monde semble s'en caliss.......... Ce sujet est ignoré de tous. Il  y en a des nouveaux de parus depuis, et le dernier en ligne est sur l'acces a nos lacs publiques qui datent d'hier.

Alors je recommande GOOGLE, pour ceux qui voudraient les lire.

Modifié par Le Protecteur
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Il y a 3 heures, Le Protecteur a dit :

Le monde semble s'en caliss.......... Ce sujet est ignoré de tous. Il  y en a des nouveaux de parus depuis, et le dernier en ligne est sur l'acces a nos lacs publiques qui datent d'hier.

Alors je recommande GOOGLE, pour ceux qui voudraient les lire.

Nous somment rendu a la bergerie.en plus de nous tondre,

ils nous saigne.

L'influence des journalistes est trop grande.

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Il y a 4 heures, Rameur a dit :

Ouep, les gros égouts directement dans le fleuve pour Québec, Montréal et d'autres... pour réparer des conduites ça fait pas joli joli itou.

La première fois que Nabeaume a fait ça ici à Québec, je suis allé sur le Fleuve le lendemain.

Mon bateau est blanc.... Il est ressorti avec une marque brune tout le tour à la ligne de flottaison.  Ça a tout pris pour la faire partir.  C'était pas chic!!!  Bien content d'avoir rien pris cette journée là...

Éric

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