Mordera-t'y quand même?

[Rameur]

Pendant qu'il combat son monstre, je m'approche la puise en main.  On l'échappera pas certain.

Il arrive en surface et je retourne à ma chaise sans mouiller le filet.  Une belle ouitouche, mais rien qu'une ouitouche.

Le petit Yam, imperturbable, fait son travail presque dans le silence.  On est encore a bonne distance quand les pêcheurs près du cap s'en vont. Bon, ça bien l'air que la pêche était pas forte pour eux non plus. à peu de distance du cap, même tout près du bord, ça plonge rapidement à 25, 35 pieds et plus. J'avais bien deviné que le lit de la rivière des Outaouais passait par ici.  Le sonar m'indique quelques débris mais il me semble bien qu'il y a aussi un peu de poisson.  Je traîne une jig blanche imitation de mené et j'y ai aussi piqué un vers.  

J'ai une attaque.  Ça tire.  Ça tire fort en continue et ça garde le fond.  Vraiment les réactions d'un doré, d'un gros doré.  je le ramène plus près de la surface mais je ne le vois pas encore.  Il me faut la puise.  Je me recule un peu, me tourne et saisi la puise.   Je tente de garder la tension mais j'ai un petit "lousse", juste une fraction de seconde.  Une fraction de trop, je le perd.   Maudit que j'aurais aimé y vois la tête.   Je remets un vers, l'autre n'avait pas résisté à la puissante gueule.   Je lance à une vingtaine de pieds et laisse descendre la jig. Une bonne attaque secoue le scion de ma canne, le temps d'un battement d'ailes de corneille.  Pas le temps de ferrer pas le temps de .. rien.  Je ramène la jig et y ajoute un petit trépied "un traileur".  

Cette fois, je vous aurai mes gueules de fer.   Je tente de rester dans cette zone de 17-18 pieds, mais ce n'est pas évident quand ça part de 5 pieds et par bonds, cale à plus de 35 pieds. Je me promène un peu dans une zone d'une cinquantaine de  pieds et on jette l'ancre qui nous stabilise dans un palier de 17 pieds.   Le vent nous fait un peu valser entre 7 et 23 pieds.   Je prends un beau jaune.  Pas besoin de le mesurer, il est facilement plus de 32 cm et moins que 47 cm.  Va voir l'autre qui s'ennuie depuis longtemps dans le vivier.  Il est encore bien vivant lui aussi.   Je lance à une cinquantaine de pieds et je laisse plonger le leurre avant de le tirer par bonds   Un autre se laisse prendre.  Il est plus près du 47 cm celui-là.  Il a été piqué par la jig et non par le petit trépied.   Ma puise était déjà prête tout près de moi.  Il n'y a pas eu de relâche de tension sur le fil. 

On jase hockey et après un certain moment sans prise, on décide d'arriver à temps pour le match à la tv.

L'aiguille de l'indicateur d'essence sautille pas mal dans le bas du cadran.  

On arrêtera à un seul endroit en revenant.  Là où j'avais pris un doré en am.  On s'enligne pour le camion qui est pas mal loin. Je me demande vraiment si on ne manquera pas d'essence.  Il reste encore plusieurs km et ça se rapproche dangereusement près de la barre du zéro.   On ramerait?  Bin non, c'est impossible de ramer ça.   On prendrait le moteur électrique.  On peut quand même faire un bon bout avec ça.  Suffisamment?  Je ne sais pas.   Bah, pas d'inquiétude, seulement un petit peut d'ouvrage.  Le petit Yam a son réservoir personnel de 5 gallons.   Il suffirait de déconnecter le boyau qui va au réservoir de la chaloupe et de le plonger dans le 5 gallons.  Il y a aussi moyen de transvider cette essence sans en renverser.  Long mais facile en plaçant le boyau du 5 gallons et en mettant une vis qui pousse la boule du connecteur et l'essence coulera sans perte dans le grand réservoir.   Mais, ça me tente pas.     On y est arrivé.   J'ai pas encore vérifié pour un problème de jauge ou autre.  J'ai le temps.  

On arrive au bord et c'est parti pour Val-d'Or.  Environ 40 km de gravelle mais le chemin est ok.

Je klaxonne pour faire peur à une jeune perdrix.  J'espère qu'elle a un bon coeur.  Elle a été rapide sur le décollage.

À une quinzaine de km de Val-d'Or, une auto devant moi s'arrête et active ses clignotants.

" Heille, il y a une orignale avec son petit dans le chemin en avant"  Le frérot les a vus, lui.   L'auto m'en cache la vue.  Je me tasse plus près du fossé et je peux les voir.  Je récupère rapidement ma caméra et le temps qu'elle soit prête à faire feu, les orignaux disparaissent devant l'auto et je les perd de vu.  J'ai eu le temps de peser sur le piton, mais sans voir ni focusser ni rien.  Bin, les gosses bénites, j'ai eu le petit.

  Hey qu'il est jeune ce petit.  Bonne chance mon grand.

 

On poursuit notre route et la voiture en avant est maintenant disparue de notre vision.  On a 4 ou 5 km de fait quand je vois une grosse tache noire dans le fossé, assez loin.  La caméra sur les genoux, j'ai hâte d'arriver avant qu'il ne disparaisse dans le bois.    Je frérot me dit, il était près du poteau juste là.  En me le désignant du doigt.   J'arrête et le vois marcher parallèlement au chemin mais il y a beaucoup d'arbres et de feuilles.  Je clic et reclic au cas ou en agrandissant la photo on puisse l'apercevoir le gros Teddy. 

Moins chanceux cette fois, je ne fais que le deviner sans être certain.

On a pas fait nos limites pis les p'tits vieux sont assez fatigués.  Des p'tits vieux pas mécontents de leur journée.  Saviez-vous qu'on a fini la journée en beauté.    Bin oui, avec la flanelle.  On aura encore au moins 4 parties de hockey à regarder avec les nerfs qui se redonnent vie.

 

The END

Modifié Juin 2, 2021 par Rameur

[Rameur]

Il est bien là le nounours, mais c'est pas facile de couper les arbres en avant sur la photo.   

 

[Hahny]

Excellent récit. Merci du partage.

On part pour le doré en début de semaine prochaine. Bien hâte de voir ou va se trouver le doré avec ce printemps bizarre. Les glaces parties très tôt, mais pas de grosses pluies ni de grosses périodes de chaleurs.

[Kingpolaris]

Super récit, merci d'avoir pris le temps de nous le partager !!! 

[LacAlbanel]

Merci Rameur!!!

Petite pêche mais, pur bonbon et pas d'avarie ( sauf la jauge à gaz... ), mais dans le bois, il ne faut pas se dire ''si quelque chose arrive'', mais plutôt ''quand ça va arriver'', car tout ce qui peut arriver... Arrive!!!

On ne sait juste pas quand.

Et belles observations fauniques au retour, ça apporte toujours un petit bonheur de plus à une aventure.

Merci encore!!!

Éric

[x-rap]

Il y a 4 heures, Rameur a dit :

Il est bien là le nounours, mais c'est pas facile de couper les arbres en avant sur la photo.   

 

C'est même difficile de voir la forêt, les arbres nous cachent la vue.

Toujours aussi savoureux tes récits avec souvent une petite touche de suspence. Reviendront ils sains et sauf?????

[puncho]

Bon récit merci de le partager, à défaut de faire des voyages je m'imagine avec vous et me rapelle des excursions dans le parc Algonquin en Ontario, il y a des belles places et de la faune là aussi. 

[Bach]

Le 2021-06-01 à 13:15, LacAlbanel a dit :

As-tu été remplir le réservoir du bateau à ton retour, afin de voir si ce que la jauge te donnait était bon?

Ma jauge m'a lâché une fois au Albanel, j'étais à peu près à 10km de mon île et soudain, je me suis rendu compte que l'aiguille était à ''E''......  On est revenu lentement, les fesses serrées!!!  Et une fois accosté, j'ai fait le plein... J'ai pas pu faire entrer un 5 gallons au complet... ( il manquait moins d'une vingtaine de litres, à l'oeil, mon réservoir interne en contient 65 ), ce qui m'a confirmé que c'est la jauge qui était foutue.  

Mais ça m'a porté à réflexion... Lors de ce genre de périple, je laisse maintenant un 5 gallons plein en permanence sur le bateau.  Au pire, ça servira éventuellement à dépanner quelqu'un sur l'eau, qui aura été moins prévoyant, ou qui aura eu le même problème de jauge.

Et sur le Fleuve, je traîne toujours un petit 4 litres.  Il m'a servi une fois... Mais c'était presque voulu.  J'étais parti pour une petite sortie de fin de journée, on ne devait pas aller loin, j'avais un couple d'amis de la Gaspésie avec moi.  Pour se dépêcher afin de ne pas rater le bon temps de la marée, je n'avais pas pris le temps de faire le plein. ( c'est rare car habituellement, je fais toujours le plein au retour d'une sortie, ainsi, le réservoir est toujours plein, dans la cour ). Mais comme ça ne mordait pas au premier spot, on est monté à la pointe Ouest de l'île, et ça a payé, mais un moment donné.... Le moteur a stallé... J'ai regardé la jauge... Évidemment à ''E''....  J'ai regardé mes amis... ''On a pu de gaz''...  Si vous aviez vu le regard de désespoir dans les yeux de la femme de mon ami hahaha!!!!  Elle était proche du mode panique, je crois même qu'elle évaluait la distance à la berge, pour s'en aller au bord, héhé!!!

Je ne leur avais pas dit, que j'avais mon petit 4 litres, bien caché dans un coffre du bateau.   Quand je l'ai sorti, je dirais que le sentiment de mon amie, était... Ambivalent, oscillant entre le soulagement, et l'envie de m'arracher la tête hahaa!!!!

Éric 

p.s. Le truc de remplir le bateau au retour de la pêche a deux fonctions... La première, moins il y a d'air dans le réservoir, moins il y a possibilité de condensation, et la deuxième... Comme j'apporte souvent des invités et, que ça ne vient pas toujours ''spontanément'' à leur esprit qu'une journée sur le Fleuve, ça coûte de quoi, bin je fais le plein sous leurs yeux, et là... Tadammm!!!!  Ils comprennent...

hahahaha ... très poli et rusé ce Albanel - et il vide son blé dans le fond de la chaloupe avec un grand sourire comme si il voyait deja arriver la saison de fauchage des épis (de blé) .... !!!

Modifié Juin 4, 2021 par Bach