Aller au contenu

Un texte que j'ai écrit il y a plusieurs années.


Rameur

Publications recommandés

C'était au Decelles à l'ouverture.

 

L'ouverture.

À la petite plage publique où je viens de mettre à l'eau, un gars s'approche et me dit qu'il vient d'acheter le chalet à côté et que maintenant ce terrain est à lui. Il laissera les gens mettre à l'eau mais il ne veut plus de remorque qui passe l'été sur son terrain. Je lui dis que je repars avec mes affaires! Je lui fais part de ma grande surprise concernant ce terrain devenu "privé". Le gars qui lui a vendu son chalet, ne possédait pas cette plage. Il ne me parle pas d'arpenteur ni de cadastre ni de bornes mais que "son" terrain va jusqu'au chalet voisin et jusqu'aux roulottes là bas. Ha bon! Je lui demande son nom et d'où il vient. Je pense que je vais me renseigner et l'informer de la véritable grandeur de son terrain avant que quelqu'un du coin l'utilise comme appât à brochet! Il était tout de même bien sociable.

Bon je sors ma carte et m'enligne au sud pour plus de trente cinq km. Ouf, la prudence est de mise dans le secteur plus au sud. Des "têtes" d'arbres et des hauts fonds partout. Je prends mon temps et repère les passages sécuritaires. Après tout, mon objectif premier en est un de reconnaissance des lieux pour mes futures pêches. Je reconnais un endroit où je venais par chemin forestier voilà une vingtaine d'année. Il y a quelques roulottes, motorisés et cabanes de toiles avec poêle à bois. Il y en a qui sont installés pour l'été! J'avance lentement au travers des têtes d'arbres en vérifiant très souvent mon sonar. Je prends mes jumelles pour mieux voir. Un gars monte très rapidement du bord de l'eau et se dirige vers sa roulotte. J'ai dû lui faire peur! Peut être qu'il avait sa canne à pêche à la main et la conscience pas trop tranquille? Je ne l'ai pas vu la canne. Pauvre tit pit il m'a peut être pris pour un agent de la faune qui faisait sa ronde en cet après midi d'avant ouverture? Je poursuis mon chemin et découvre quelques chalets bâtis dans ce coin perdu. Je poursuis jusqu'au pied d'un petit rapide. J'y passerai la nuit, couché dans mon bateau.

La chaloupe ancrée dans ce petit rond d'environ 200 pieds de diamètre subit très peu les effets du vent. Juste assez pour faire tourner le paysage lentement. Le ruisseau chante de toute sa grandeur. Il fait son gros le printemps venu. Il fait 17c dans ma tente improvisée malgré un 11c dehors. Sur ma radio marine, on prédit un gros 9c pour la nuit. Pas pire! J'installe mon petit poêle sur le devant du bateau et me fais à souper. C'est donc bon dans le bois. La moindre patate prend un goût de fine cuisine.

La noirceur tombe assez rapidement. J'installe le matelas et mon sac de couchage. Il est trop tôt pour dormir. J'écoute la radio. J'allume une chandelle dans mon petit "fanal". Je me dis que ça combat un peu l'humidité et ça donne un peu de chaleur et de lumière. Je mets ma tuque. Ça allume pas mal de sourires la première fois que les copains me voient avec ça. Je dors toujours avec ça en forêt. Avant l'affaire de la tuque, je me levais avec un mal de tête. Maintenant, tout va bien. Un petit coup d'aiguisoir aux leurres choisis pour le lendemain me font passer le temps et me mettent en phase pêcheur. Mon cellulaire 3 watts ne fonctionne pas ici. Pas de téléphone à ma douce pour la sécuriser. Ce sera pour demain soir quand je remonterai dans la partie nord. Avec le bruit du rapide, ça ne sera pas long que je vais cogner des clous! C'est ici qu'il y a bien longtemps, j'ai pris du beaux dorés avec Normand, mon chum de pêche du temps. Il y en avait un de 8 lbs la dedans pris avec un Rapala fat rap dans 4 pieds d'eau. Bon dodo maintenant. Je vais sans doute me réveiller cette nuit pour faire mon petit bruit de chute d'eau bien personnel. Il est 21h19.

Le matin est là. J'ai assez bien dormi malgré le petit tambourinement de la pluie passagère et le grincement de la corde de l'ancre. Je jette un coup d'oeil dehors. Un couple de canards se promène à moins de 100 pieds. J'ai faim. beacon, fromage, toasts, tomates et un bon chocolat chaud me feront un bon départ pour la journée. Il ne pleut pas... encore. Je mets la radio. Les deux canards se promènent lentement au diapason de la radio qui chante "You are my sex bomb" . Je me surprends à rire tout seul. Magnifiques canards blancs à têtes noires. Il y a un autre couple dans la petite passe. Ils sont avec un troisième compagnon plus foncé. Un ménage à trois? Un castor me regarde manger mes toasts. Il plonge doucement, sans bruit. Il refait surface à une trentaine de pieds. Immobile, il me regarde encore. Il répète ce manège à quelques reprises. Comique ce Bertrand! Un peu de rangement et la grande pêche commence.

Je place le moteur électrique à l'eau et installe ma chaise tournante à l'avant du bateau. Un petit jig et un gros vers visiteront le bas du rapide. Je me dirige avec la commande au pied. 2 à 6 pieds d'eau et aucune attaque. Je me dirige lentement à la sortie vers le petit étranglement, la place à dorés! J'y prends mon premier poisson de l'année. Ha que c'est plaisant ces coups de canne. J'ai pris ma canne de 8 ½ pieds très flexible. Je la nomme ma canne à sensations. C'est un brochet qui me donne un beau petit combat et qui mérite bien sa remise à l'eau. Je me dirige vers le deuxième petit ruisseau. En chemin, j'explore de mon jig deux ou trois trous d'une quinzaine de pieds de profond. Rien. Le parcours se fait parmi des têtes d'arbres noyés. Trois, quatre pieds de profond. J'arrive aux pieds du crique. Ça bouge un peu plus loin. Un superbe grand héron se promène lentement sur la berge. Il me regarde et continue sa marche lente. Pas peureux celui-là! Je lance mon jig. Il y a un bassin où la profondeur est propice, ça varie de 15 à 18 pieds. J'ai une petite touche. À moins que ce ne soit des herbages qui me jouent un tour. Je ne peux aller plus loin. Je lance encore mon jig et c'est une vraie touche cette fois. La ligne se déroule. Le moulinet chante. Certainement un beau brochet. Ça doit être le king de la petite place. Un beau combat qui dure un bon 5 à 10 minutes. Je le vois enfin. Après quelques derniers sprints, je le passe à la puise. Une bonne douzaine de livres Trente deux pouces et demi de force. Au bout de ma grande canne flexible, ça donne tout un feeling. Ce sera le plus gros de la journée.

Avec mon petit 6 hp je refais les 2, 3 km pour retourner au grand lac. La pluie tombe. Je ferme le toit et navigue avec le 115 hp à bas régime. Je cherche le meilleur chemin dans cette section inondée. Je dois utiliser l'essuie glace à main et essuyer la buée à l'intérieur. Ça tombe pas mal fort. Je fais plusieurs km à basse vitesse en prenant des notes sur ma carte. Un haut fond ici, un cran de roche, des têtes d'arbres noyés, une belle passe là s'inscrivent dans ma mémoire. J'arrive dans un secteur très beau. Des îles, des caps de roches, des plages de sable seront mes hôtes cet été. Je fais un peu de pêche mais pas de touche ici. Je rencontre plusieurs bateaux installés dans ce secteur. Les pêcheurs sont à l'ancre. J'explore plusieurs endroits et dessine sur ma carte la passe sécuritaire.

Je m'installe sur une île pour manger. Je sors tout ce qu'il faut pour cuisiner un peu et me mets à l'abri sous une toile. Il a beau pleuvoir, je suis bien au sec et à l'abri du vent. Ouais, un beau coin. Un peu plus loin, je repère une belle place pour monter une tente l'été prochain.

Sur le chemin du retour, je rencontre des pêcheurs connus qui sont à l'ancre. Ils pêchent aux ménés. Ils ont pris quelques dorés et sont bien souriants dans cette accalmie de pluie. Je passe dire bonjour à un copain. Il est bien là. Il vient de finir d'installer son chauffe-eau au propane. On est bien heureux de se revoir. Il m'invite à souper et à coucher au chalet. Pourquoi pas, on ira pêcher demain matin. Je prépare la bouffe pendant que lui et sa femme qui vient d'arriver déballent la bouffe et rangent les armoires. Ils les ont changées la semaine passée. En soirée, le vent du nord souffle très fort et je dois retourner attacher mon bateau de façon plus sécuritaire. La température chute et elle atteindra 1 à 3 degrés durant la nuit. C'est pas chaud au matin. Il y a une bonne brume et beaucoup de vent. On décide qu'on est trop bien au chalet pour aller à la pêche. On se reprendra une autre fois quand l'hiver sera fini.

J'ai fait une sortie quand même agréable. J'ai pêché un peu, dormi au pied d'un rapide et pris mes premiers poissons. J'ai vu des écureuils qui jouaient, des goélands, un gros voilier de canards qui étaient posés sur le grand lac, en plein vent, au froid. Une chaloupe qui passait tout près ne les a pas dérangés. J'ai vu des castors et un grand héron. J'ai repéré de beaux endroits de pêche à venir et de superbes paysages. De plus j'ai revu un couple d'amis!  De retour à la maison, ma douce était toute douce! Mon chien était content de me voir. J'ai mis du bois dans le poêle. J'ai mangé au coin du feu en regardant une partie de hockey. Ma caméra fait des siennes, j'ai réussi à prendre 3 ou 4 photos. Les autres sont toutes floues. Le focus ne se fait plus.

Les images sont dans ma tête et serviront à planifier mes prochaines sorties.

  • Like 5
  • Thanks 4
Lien vers le commentaire
Partager sur d’autres sites

Join the conversation

You can post now and register later. If you have an account, sign in now to post with your account.

Invité
Répondre à ce sujet…

×   Vous avez collé du contenu avec mise en forme.   Restaurer la mise en forme

  Only 75 emoji are allowed.

×   Your link has been automatically embedded.   Display as a link instead

×   Your previous content has been restored.   Clear editor

×   You cannot paste images directly. Upload or insert images from URL.

  • En ligne récemment   0 membre est en ligne

    Aucun utilisateur enregistré regarde cette page.



×
×
  • Créer...