Lac Argenté Qc.

[Sagepêcheur]

Étonnant qu’il y ait encore autant de neige en forêt. Par une fonte rythmée de cette douceur matinale, chaleur confortable de mi-journée, soleil voilé de ce passage nuageux parfois pluvieux qui définit cette odeur printanière, si particulière et éminente de votre saison des amours. ‘’Bye mon amour, on se revoit ce soir ! ‘’ --- Fébrile, vous vous évadez pour une première de saison vers ce petit lac jusque-là quasi inaccessible, vous longez le parcours de proximité de ce ruisseau gonflé de torrents  vers ce haut sommet, cadensé aux différents obstacles que vous rencontrez en ce chemin mi-dégagé de cette neige avoisinant le 25 centimètre bien présente par endroits, jonché de plusieurs de ces bouleaux encore recourbés témoins d’un hiver pas facile, rigoles, rochers, boue et gravier détrempé. Rien n’entrave votre conquête de cet accès montagneux vous rapprochant de ce lieu dont vous êtes sans doute cette année, le premier à convoiter. Des quelques courbes et centaines de mètres qui vous sépare maintenant, à travers arbres, vous apercevez ce lac gris-bleuté que vous croyez dégagé de son manteau hivernal. ---  L’approche finale et enfin arrivé, vous comprenez que ce que vous distinguiez n’est en fait qu’une immense banquise assombrie tenant lieu de la superficie quasi-totale de votre lac. ‘’Oufff’’ ; de l’espoir d’y retrouver quelques secteurs dégagés, vous scrutez tout autour une ouverture possible sans entrevoir  la moindre possibilité de pêche à gué. Vous décidez donc de vous rendre à la charge de ce lac située à l’extrémité opposée, cherchant désespérément cette surface libérée vous permettant de tendre votre ligne. Marchant maintenant dans des racoins moins ensoleillé, calant et défonçant en profondeur cette neige très humide par endroits, vous remplissez évidemment vos bottes mal attachée. Arrivé à l’embouchure, le ruisseau saillant ressemblant maintenant plus à une rivière, vous empêche d’évoluer plus loin. Pas très triomphal comme résultat, dégagement médiocre d’une banquise poussée de ces eaux de bons débits, dégageant d’à peine environ 8 mètres d’eau claire mais parsemée de débris (branches) flottant et en profondeur (perte de la seconde cuillère). De profondeur quand même adéquate pour la distance, vous tentez quelques lancers croyant que l’affluent de ce lac apportait suffisamment de matières pour la possibilité de belles prises. ‘’Niet’’, ne vous reste qu’à retourner sur vos pas, suivant à nouveau les abords dégagés d’environ 4 mètres de cette glace qui aura tout probablement disparue au moindre vent d’importance. --- Vous retrouvant à nouveau à votre point de départ, assis et songeur, vous écoutez le fracas et l’écho de craquements résonnant, le‘’tintillement’’ cristalin et continu de fonte de cette glace noire, extrêmement poreuse et fragilisée. Du chevauchement (overlap) créé par le vent de quelques fissures ici et là, vous en apercevez une à quelques centaines de mètres au versant opposé des abords déjà parcourus. ‘’On va aller voir’’ --- l’overlap de la glace avait laissé place en son extrémité à une ouverture de fissure d’eau claire de quelques 13 centimètres de largeur à une distance d’environ 10 mètres du bord de votre cour d’eau. --- ‘’ Ouiiiin ‘’… - Vous enfilez une simple petite ‘’bob-it’’ suivie d’un plomb pincé et du plus gros des vers de votre bocal. Votre quincaillerie suffisamment lourde pour un lancer d’environ 12 mètres dont 2 mètres au-delà de cette fissure qui semble s’étendre de bonne continuité et parallèle au rivage. Vous ramenez manuellement votre filament jusqu’à ce que votre appât plonge et espérez pouvoir laisser pénétrer celui-ci en donnant assez de lest à votre corde. - Arriva ce qui se devait d’arriver … première touche et prise gourmande d’une truite sous banquise se nourrissant probablement de ces multiples débris se dégageant de cette glace. – Arrivant à peine à donner assez de lest à votre ligne compte tenu de la distance et du dépôt de celle-ci sur cette ‘’slush’’ empêchant la difficile plongée en profondeur de cet appât, vous comprenez assez rapidement que cette première prise n’est pas seule.- À peine plongée de quelques pieds de profondeur, la prochaine ne se fait attendre mais la seule difficulté que vous éprouvez se situe à la faire sortir de cette glace d’environ 8 centimètres sans que votre hameçon ou cuillère ne reste accroché au rebord de la glace. --- Exaltant et à la fois décevant avec quelques prises perdues par un filament cassé, appât en bouche d’une autre s’étant libérée ainsi, vous êtes quand même parvenu à ramener quelques belles prises à la maison pour les déguster auprès de votre belle amour qui en exécute si bien la préparation …    ‘’mon sto d’matcho d’pêcheur, tuuuu prépares le souper !’’

CHIAOOoo !

[Gabriel Touchette]

‘’mon sto d’matcho d’pêcheur, tuuuu prépares le souper !’’